MCBTH

Tournai, en avant route !

Est-ce l’effet de la neige qui a commencé à tomber ? Beaucoup de gens se pressent à La rose des vents ce mercredi, moi qui croyais avoir de l’avance. Plusieurs spectacles se jouent en fait le même soir, petite salle, grande salle. Quant à moi je ne fais que passer, m’inscrire sur la liste de la navette pour la maison de la culture de Tournai. La Belgique, déjà le voyage et j’attends le bus. Ce soir l’Ecosse en néerlandais ; Macbeth par Guy Cassiers.

En entrant dans le car, c’est déjà le comptage. Le décomptage, tout le monde est sur la liste, des absents, des imprévus ? Tournai, ce n’est tout de même pas la Lune. Moins d’une heure, et encore c’est trop quand il n’y a pas de circulation. Français-belge, vraiment des voisins de proximités. Le noir tombe vite ces temps-ci et il est même difficile de rencontrer son voisin. La mienne, studieuse a pris de la lecture ; je la laisse à ses devoirs.

Un dernier sms pour la route, à la question tu vas voir quoi ? MCBTH. Toute voyelle abolie, le nom de la pièce comme une abréviation et je n’y avais pas prêté attention. Je te rappelle plus tard. Le spectacle n’est pas encore commencé, mais portable en poche, c’est déjà la Belgique. Autre pays, autre réseau. A l’heure du Next, néon rouge triomphant dans le hall de la maison culture nous semblons pourtant sur la même longueur d’onde.

Nous ne sommes pas aussi nombreux au retour qu’à l’aller. Pourtant personne n’est resté au bar. Deux personnes, qui sont rentrés par leur propre moyen. Il faut bien malgré tout une dernière  nous attendons, sans vraiment nous en rendre compte. Peut-être la nuit plus avancé, ce spectacle vu en commun, le bus se fait plus intime. On n’allume presque plus les lumières, trop violentes pour les yeux. On discute seulement, sans bien se voir. « J’aime bien » ne suffit pas, c’est pour les chiens ; pour le théâtre c’est autre chose. Bien d’autres mots à dire…

Henri G

 

MCBTH

Macbeth, MCBTH : l’essentiel reste dans les consonnes. De la même façon Guy Cassiers  pour son adaptation  de Shakespeare a fait un travail d’épure, a resserré l’intrigue et s’est concentré sur les personnages centraux, sur Macbeth évidemment. Un personnage complexe dont le metteur en scène fait le meneur de jeu. Un jeu d’intrigue pour le pouvoir bien sûr, l’ambition de Macbeth mais surtout un jeu de rôle où Macbeth-roi est dévoré par la peur et la folie.

MCBTH  se joue comme à huis clos. La présence d’un mur à l’horizon, qu’il est impossible de franchir participe à cette impression. Pourtant ce n’est pas vraiment un mur, fait en lamelle de bois, on pense plus facilement à des volets, des stores. Des stores occultés en permanence qui ne permettent pas de voir le fond de scène, un extérieur possible. Dans cette espace unique, au besoin landes ou châteaux écossais, Macbeth est comme emprisonné, victime de sa propre intériorité. Sous étroite liberté, surveillé, MacBeth sombre peu à peu dans la paranoïa. Et un jeu complexe de lumière et de vidéo se met en place.

Sur le mur, cet horizon, sont projetés des images comme éléments de décors, des couleurs, des motifs comme autant de sentiments ambigües. La tentation,  la résistance morale, l’ambition, le remord, la gloire, la paranoïa. Voilà les déchirements de Macbeth, ce héros de théâtre qui pour avoir le trône est pris d’une frénésie meurtrière. L’imagination du personnage trouve sur ce mur un espace d’expression sans limite et les rêves de grandeur de Macbeth s’y étalent dans toute leur démesure, leur folie.

MCBTH, toujours la tragédie de Shakespeare, au fur et à mesure que l’étau se resserre.  Lady Macbeth s’étouffe dans ces robes de tulles, de plus en plus grande, de plus en plus noire à mesure qu’elle devient reine, et pleine de remord. Quant à Macbeth sa scène se réduit à mesure que le mur et le temps s’avancent contre lui. Comme un feu sur les planches, le sol semble se dérober sous ses pieds et ni le pouvoir acquis ni sa raison enfuie ne parviennent à le ramener sur terre. Il attend de voir, que la forêt de Bindam se mette en marche.

La musique, s’élève presque en continue dans cette pièce, l’appel des sorcières, les trois fatales. Le chant de Lady Macbeth tout d’abord si séduisant comme il propose la couronne au prix du meurtre, puis si désespéré comme elle n’arrive pas à se laver les mains de tout ce sang… Avec la vidéo, la musique crée une atmosphère lourde de sous-entendu. Dans les bruits et la fureur de cette machinerie, on ne peut que se souvenir avec le sinistre héros écossais que la vie ne signifie rien.

MCBTH, maudit Macbeth. Homme qui se rêve roi quand il ne tient qu’à un coup de poignard d’arriver sur le trône. Personnage qui se réveille pour constater le meurtre qu’il a prémédité et qui baigne dans le sang. On s’attache dans cette pièce au cauchemar de Macbeth, à sa nuit sans fin, alors qu’au loin les échos de la colère et de la révolte grondent. Premier et dernier roi de sa lignée, il ne lui reste plus qu’à attendre le jour…

MCBTH
Guy Cassiers & Dominique Pauwels 

Henri G.

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