3ème partie ;
Noir scène, noir salle. Dans une pénombre feutrée un corps féminin se laisse doucement apercevoir. Courbée et lourde dans le sol, elle reste là, immobile, fragile.
Puis doucement, par un système ingénieux de centaines de néons disposés parallèlement au sol formant un mur concave aux deux extrémités des coulisses, nous sommes happés dans un temps, un espace différent, inconnu, hypnotisant.
Les yeux dans le vide parmi le flot des lueurs clignotantes, moulée dans son costume crème au décolleté plongeant, ce corps aux formes généreuses semble renaître de ces cendres.
Le flot reposant, fluide émanant des mouvements et des lumières se transforme peu à peu, sans que l’on en prenne réellement conscience, en un tourbillon d’énergie révélant un corps fatiguée, dégoulinant de sueur, dont se dégage une sensation de douleur et de lutte.
Les mouvements sont saccadés, étriqués, de plus en plus rapides, les néons deviennent un jeu hypnotisant de couleur et de forme, flashant à tout va d’une luminosité extrême les yeux des spectateurs tendus. La musique devient grave, les basses font trembler les sièges, les tympans ont mal, les yeux sont plissés.
Puis tout s’arrête net. Quatre néons de la largeur de la salle en fond de scène calme l’auditoire par leur bleu artificiel.
2ème partie;
D’épuisement elle s’est écroulée. Venu du public, un petit garçon traverse la scène dans sa direction, se fige devant elle. A ses pieds, elle finit difficilement par se relever. S’en suit une étreinte passionnée entre ces deux êtres que tout semble opposer, les costumes, l’âge, l’expérience.
Une montée de haine se fait sentir, il la pousse violemment, elle s’écrase par terre contre un des deux murs de néons qui n’en finit pas d’éclairer ses courbes, son visage de vert, de bleu, de rouge… Inerte dans une position fœtale, tous les yeux sont rivés sur elle.
Une fumée diffuse et blanche se dégage de ce corps amarré au sol. Il reste là, à la regarder, à observer les courbes sinueuses de ce gaz s’échappant de sa chair.
1ère partie ;
Applaudissement.
Le Bûcher, 1re partie Denis Cooper, édition : hors-commerce, exclusivement réservée aux spectateurs de la pièce de Gisèle Vienne intitulée The Pyre.
Traduit de l’Américaine par Jean-Luc Mengus et Zachary Farley.
Elise B.