Ils sont fous au NEXT !
Commencer cette édition par Deep Dish, c’est littéralement nous ouvrir l’appétit ! Je m’explique.
La soirée d’ouverture commençait à 20h à Tournai ; par conséquent une navette partait à 19h de Villeneuve d’Ascq. S’est alors posée cette incontournable question qui taraude l’esprit de toute personne allant passer une soirée au théâtre : « vaut-il mieux que je mange avant ou après la représentation ? »
Hier soir, j’ai opté pour la seconde proposition … Grosse erreur !
Deep Dish, c’est un voyage de plus d’une heure au milieu des fleurs, des fruits et des légumes. C’est surréaliste, c’est esthétique, c’est charnel mais ça donne surtout très faim ! Je n’ai jamais autant envié des artistes ! En regardant ces quatre danseurs croquer à pleines dents fraises et oranges, je n’avais qu’une idée en tête : me lever de mon siège, monter sur scène et goûter moi aussi à tous ces plaisirs.
Heureusement, la compagnie Liquid Loft réussit à capter notre attention tout au long de sa performance et à nous faire oublier la faim ! Notre regard, qui ne sait jamais vraiment trop s’il doit se poser sur l’écran ou sur la scène, se retrouve rassasié tant certaines images sont riches d’émotions. Quelle surprise de voir qu’une caméra infrarouge puisse aussi bien révéler la beauté d’un corps !
Bref, ce début de festival pose les bases : des images fortes vont venir nous nourrir l’esprit au cours de ces deux semaines, et c’est tant mieux !
Clément
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Liquid Loft – Deep Dish (Chris Haring)
Een live gechoreografeerde film, zo werd Deep Dish van het Oostenrijkse gezelschap Liquid Loft op voorhand omschreven. Het resultaat dat we voorgeschoteld kregen voldeed alvast aan de hoge verwachtingen. Een mooie opener voor NEXT-festival.
Een tafel met groenten en fruit die in het midden van een podium stond. Daar moet ik het dan maar mee doen, was mijn eerste indruk. Terwijl de lichten langzaamaan uitgaan en het geluid van het publiek uitsterft, zorgt een druppel water die neervalt op de tafel voor een ijzige stilte. Één camera filmt het hele gebeuren. Van ver zien we een aardbei die geprojecteerd wordt op een groot doek achteraan het podium. Op een bepaald moment sluipt de camera als het ware dichterbij. Het geluid alleen al van het toestel dat naar het midden van de tafel wordt geschoven, geeft een mens kippenvel. Niemand weet wat het volgende is waaraan hij/zij zich kan verwachten.
Kracht van de natuur
Drie vrouwen nemen plaats aan tafel en vormen een gezellig beeld van drie vriendinnen samen. Naarmate het schouwspel vordert, beginnen de drie actrices wilder te eten en te drinken. Al het menselijke wordt precies uit hen leeggezogen door de kracht van de natuur. Het o zo rustige beeld van een diner maakt plaats voor chaos. Druiven worden geplet, een tomaat wordt aan stukken gesneden op een muziek die het ergste doet vermoeden. En net wanneer de vrouwen zo goed als helemaal ‘gedomineerd’ worden, begint alles terug vanaf het begin. Het gezellig samenzijn gaat verder, er wordt gelachen en gedronken. Opnieuw schuift de camera over de tafel naar het midden. Wat van ver op een venkel geleek, oogt nu als een soort hindernis die overbrugd moet worden. De stengels en bladeren van enkele bloemen zijn opeens getransformeerd in een bos.
Chris Haring speelt met zijn publiek. Wanneer alle rust teruggekeerd is aan de tafel, valt een oorverdovende stilte. Alleen de druppel die in de vaas met water valt, klinkt als een bom die neervalt over een met verstomming geslagen zaal toeschouwers. Telkens weer opnieuw komt de chaos terug en veranderen de vrouwen van gedaante. Onderhevig aan die enorme kracht van de natuur kruipen ze alle drie op de tafel terwijl de camera dit hele gebeuren vastlegt. Heel soms vermenigvuldigen de beelden zich zodat je zes keer dezelfde chaos geprojecteerd ziet. Ook hier wordt op een fantastische manier aangetoond dat de vrouwen zichzelf niet meer zijn en dat hun zicht met het beeld mee vervaagt. Een tomaat wordt volledig uitgewreven over de armen en benen. Mens en natuur worden één.
Parel
In slechts één uur tijd toont Deep Dish welke invloed de metamorfose van de natuur heeft op de mens. Het lijkt simpel om zomaar even jezelf niet te zijn en je eigen lichaam te laten opslorpen in de wondere wereld van het groen. Maar zo eenvoudig is het niet. Deep Dish is een parel van Liquid Loft. Een fantastische performance. Een veelbelovende opener van het NEXT-festival.
Thibault Clarysse
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Une suralimentation d’impressions.
Dès la sortie de la salle, je ne suis plus consciente du contenu du spectacle, je ne peux pas dire exactement de quoi cela parle.
Des effets, des phrases entendues, des réflexions, notées dans le noir, dans le rang de spectateur, pendant la représentation, m’ont aidé à écrire un texte, une sorte de poème surréaliste (dont même moi je ne comprends pas toujours le sens des phrases).
Les images fortes me sont restées dans la tête, l’envie d’expérimenter la vidéo-projection est le résultat.
Voilà, pour le début du NEXT Festival 2014 et l’inauguration du blog du NEXT, je propose un travail réflectif. Bon appétit!
Mona
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Deep Dish
Cette année le Next s’ouvre à la Maison de la culture de Tournai, au menu : les discours officiels d’ouverture du festival et Deep Dish de la compagnie autrichienne Liquid Loft. En premier lieu, nous sommes accueillis par une vive lumière rouge avec au centre de grandes lettres annonçant « NEXT ». Le ton du festival est donné, vif, surprenant. Le discours commence et chaque représentant souhaite à l’assemblée un bon festival, puis nous nous dirigeons vers la salle où se préparent aux yeux de toutes les danseuses et l’unique danseur-technicien de la compagnie ouvrant le festival.
Sur scène, il y a une table remplie de fruits et légumes ainsi que de verres, suppression du et !autant de chaises que de personnes présentes sur le plateau et un grand écran en arrière. Les lumières s’éteignent alors et le spectacle commence sur le son d’une goutte tombant dans un verre déjà bien plein. La musique est teintée de mystère. Une ambiance surréaliste s’installe sur le plateau tandis qu’un homme s’avance avec une caméra en direction du banquet. Il glisse doucement la caméra vers les aliments et produit un bruit de frottement qui résonne alors dans la salle. L’écran s’allume et il se crée des images sorties du réel, allant au-delà de ce que l’on voit sur la table.
Les yeux présents dans la salle se rivent sur l’écran, suppression du et peinent à s’en détacher, et oublient parfois ce qui se passe sur la scène. Quand les danseuses entrent enfin, un ballet pour banquet s’offre alors à nos yeux. Tout semble sorti d’un autre monde. Les images s’entremêlent. Le travail de la vidéo est impressionnant.
Néanmoins la scène s’évapore pendant une heure, l’écran et le travail plastique finissent par écraser la performance scénique. Ce déséquilibre est beau et frustrant à la fois, mais créé en moi une déception face au spectacle.
Zélia
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Deep dish est une réalisation mêlant deux ambiances, microscopique et macroscopique. Performance très visuelle jouée dans un cadre plastiquement renversant où des corps-pantins s’animent sur scène au grès de leurs effets temporels, le tout couronné par une captation visuelle subjuguante!
Prenez place à la table lunaire où jeux d’ombres galactiques et vues kaléidoscopiques fusionnent l’homme et le végétal pour accoucher d’une
« trash-poésie-organique » sous un croquant épicé de cynisme drôle et malsain …
Rêve troublant sous enchainement d’actions étranges et déboussolantes captant l’oeil du spectateur pour l’emmener dans un monde surréaliste …
Juliette
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LIQUID LOFT / CHRIS HARING – Deep Dish
« Voyage au centre de la chair ». C’est la première chose à laquelle j’ai pensé en sortant de cette performance intrigante et hypnotique, où notre regard, emporté par cette caméra embarquée, se posent au plus près des corps à la fois, des danseurs, et des plantes.
Subtile association des corps et de la technologie, avec cette caméra à main qui nous propose une deuxième vision de la performance sur le grand écran, Deep Dish nous invite à réfléchir, au delà des élans frénétiques des danseurs, sur la place de l’Homme dans la monde et son rapport à la nature.
Des fruits et légumes sur une table, une mélancolie ambiante, et quatre danseurs qui se partagent l’objectif de la caméra, nous aspirent dans leur univers.
Nous sommes plongés dans un contraste constant, une binarité de jeu de danse et de lumière. Entre poésie et tension, hypnose et détachement. La douceur ambiante de la musique et les mouvements harmonieux des danseurs, laissent sporadiquement place à des sursauts frénétiques, où les corps semblent réagir à des sombres pulsions naturelles et nous montre la fatalité d’un être qui peut être à la fois beau et destructeur.
En effet, l’Homme détruit, déchiquette, et gaspille au cours de la performance les fruits et légumes à disposition sur la table ; ce qui commence poétiquement par un repas où les convives rient et communiquent entre eux évoluent rapidement en une décrépitude de l’être où ses pires desseins et envies sont reflétés. Critique de la consommation sans doute, de l’Homme, peut être.
SOUVILLE TEDDY
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Liquid Loft/Chris Haring – Deep Dish
En guise de prélude pendant que le spectateur s’installe, nous assistons à la mise en place de la table pour le grand dîner. On y devine une sculpture de fruits et de légumes, les quatre « convives » les installent et les ajustent sur une grande table : structure maîtresse de la scène.
L’aventure commence par une exploration microscopique et profonde des différents aliments présents sur cette « autre scène » qu’est cette table, grâce à une caméra qui sera manipulée tout au long de la représentation par les performeurs. Au travers de ce dispositif vidéo, les images capturées sont visibles sur un écran grand format et permettent de donner plusieurs dimensions à la représentation scénique. La caméra devient le médium d’une autre réalité et permet d’ouvrir le champ des possibles. Les légumes et les fruits se transforment en macrocosme imaginaire formant forêts magiques, jungles féériques ou encore grottes primitives. De ces aliments ordinaires la compagnie autrichienne fait jaillir une substance poétique, ils fabriquent une dimension onirique qui invite à la contemplation d’un monde inconnu, d’un monde chimérique, d’une ode à la nature.
Malgré cette invitation à la beauté et au lyrisme, il y a quelque chose d’anxiogène, d’inquiétant, dès que le repas commence : les sons de mastication sont amplifiés, les « convives » dansent, discutent autour de cette table qui devient le théâtre d’un repas gargantuesque. La dimension spatio-temporelle est mise à l’épreuve, le repas et la mouvance des corps traduisent l’accélération du temps aussi bien que le ralentissement de celui-ci, ce qui produit un malaise et un sentiment « d’inquiétante étrangeté ». Les scènes de ce « théâtre bizarre » permettent aux spectateurs de découvrir d’autres mondes traduisant la violence, la cruauté mais également une tension sexuelle proche de l’orgie dionysiaque ; les aliments devenant presque des icônes, des images cultuelles.
L’instant théâtral et performatif est ponctué de petites histoires qui posent les jalons d’une réflexion sur la société et son rapport à la nourriture. Cette société de consommation surréaliste donne presque le vertige aux spectateurs. Les images projetées se démultiplient, se déforment, passent du microscopique au macroscopique mais surtout donnent à voir une autre réalité. Elles se meuvent et s’assemblent autour de visions cauchemardesques et inquiétantes remettant en question certains tabous de la société.
Ces aliments se métamorphosent en chair, en substances corporelles, dans un procédé de personnification, ceux-ci deviennent presque humain, animal. Cette représentation magique et hors du temps met en tension la société et la place de l’être humain dans celle-ci. Elle laisse les questions concernant la consommation en suspens dans l’esprit du spectateur. Ainsi cette compagnie nous dévoile la vision d’un grand dîner, métaphore de l’absurdité du monde actuel : un monde outrancier et excessif.
Charlotte. S
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Deep Dish, bienvenus au Next Festival !
La couleur est annoncée dans la brochure explicative distribuée à l’entrée de la salle, « Deep Dish » se situe à la limite entre performance expérimentale, danse contemporaine et expérience audiovisuelle.
Les minutes qui suivent, se résument à ce qui pourrait être un copieux repas de famille ou d’amis où l’on mange sans faim toute sorte de fruits et de légumes hors saisons venant des quatre coins du globe. La rigolade et l’euphorie sont de la partie, on parle juste pour parler aussi bien des grands sujets politiquement corrects que des commérages d’immeuble. Tout cela sans se soucier de la faim dans le monde, de l’extinction des ressources naturelles vitales, de la production alimentaire massive ou encore de la fonte des glaces.
Tout au long de ces septante minutes on retrouve un jeu de symbolique et d’image hors pair. À l’aide d’une caméra sillonnant la scène, on découvre une deuxième version de ce qui est réellement sous nos yeux. La parole elle est un accessoire dérisoire. Parmi ces représentations, celle de la pyramide alimentaire qui devient une spirale infernale et compromise où le besoin vital n’existe plus car les envies éphémères ont pris le dessus dans une société qui prime le plus et la surconsommation. La fin est imminente. Le spectateur est alors projeté dans un tourbillon, dans le cœur même d’une tornade, dans les dégâts commis par un tsunami où l’eau pure cristalline est infectée d’un rouge sang parsemée des débris engendrés par ce dîner extravagant. On se retrouve alors là, admirant ou constatant le désastre provoqué par l’Homme sur la Nature.
Chacun y verra là sa propre théorie, ses propres représentations selon sa personnalité. Les clefs ne sont pas données et ce volontairement, à nous de les retrouver si on le souhaite. En tant que jeune adulte en voici ma vision, celle de l’inquiétude vis-à-vis des erreurs commises par mes ancêtres. Des erreurs avec lesquels je vais devoir lutter chaque jour que Dieu fait si je souhaite léguer à ma descendance une raison de garder de l’espoir.
Roberta Lembo