20.11

huis, josse de pauw

Huis


« Le cavalier bizarre a pris l’enfant et l’a emmené droit à la croix ». Josse de Pauw passe avec sa pièce Huis, inspirée par le Cavalier Bizarre de Michel de Ghelderode, de la naissance à la mort, « de noël à paques ».
Le son, enregistré tout au long du spectacle dure normalement 1 heure 42. Il est réduit sur 49 secondes.
Entre Noël Et Pâques, entre la naissance et la mort, la vie passe vite. Rien de plus.

Mona

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Esaafterrose

Un petit groupe d’étudiants de l’Ecole Supérieure d’Arts de Tourcoing se joint aux Reporters NEXT pour nous faire part de leurs retours sur Huis de Josse de Pauw.

(Il y a plusieurs vidéos dans la playliste en haut à gauche de la vidéo)

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Notre peur de n’être

Une maitrise du jeu de lumières impressionnante, une esthétique à la fois simple mais terriblement forte, un récit poignant et une narration efficace où on ne s’ennuie jamais. Voilà comment décrire techniquement un spectacle tel que Notre peur de n’être. Si seulement cela pouvait s’arrêter à la technique, il serait beaucoup plus simple d’expliquer l’état d’émerveillement ressenti quand on quitte la salle de spectacle. L’histoire que Fabrice Murgia nous raconte est poignante même si la thématique reste assez peu connue du spectateur. En effet, la solitude profonde de ceux qui s’enferment volontairement dans un monde, éloignés de la société, ne nous permet pas de nous identifier rapidement. Mais le talent de la mise en scène intimiste et celui des acteurs, le tout accompagné par un système de narrateurs omniscients rend le message parfaitement clair.

 On pourra reprocher au spectacle d’être cependant un peu agressif avec son public, nos yeux sont plusieurs fois mis à l’épreuve par des flashes de lumière aveuglante qui viennent conclure une scène ou en appuyer un moment particulier. À cela s’ajoute une incompréhension globale du rôle des personnages dans le récit et des liens entre eux jusqu’à un certain point du spectacle. Avant cela, on a l’impression d’assister à une série de portraits sans véritable lien entre eux si ce n’est le fil conducteur qu’est la solitude.

Car c’est bien de solitude que parle ce spectacle : la solitude d’une madone italienne qui a tout quitté et qui consacre son existence entière à un fils sur lequel elle transfère tout ce qu’elle n’a pas pu être. Ce fils étouffé qui ne peut s’échapper que par un repliement sur lui-même. Un quadragénaire dont la mort de sa femme le plonge dans une mélancolie que rien ne semble pouvoir guérir. Et enfin une jeune diplômée en tension permanente par rapport à ce qui pourrait lui arriver. Tous ces intervenants font leur chemin jusqu’à ce que leurs histoires viennent à se croiser et à s’entremêler.

 La technologie est également au centre du spectacle. Omniprésente dans la vie des personnages, elle est abordée de manière neutre, sans apriori ni dénonciation. Sont montrées ses forces (accès au savoir, pensée collective) comme ses faiblesses (isolement, addictions). La technologie est ici une source d’expression qui aide certains à s’en sortir dans une civilisation de plus en plus brutale, en proie à des crises et des malaises oppressants. Notre peur de n’être porte un réel optimisme dans son message, Fabrice Murgia nous parle, à travers les technologies nouvelles,  de la jeunesse actuelle et de son désir d’espérer, ses attentes et sa ferveur.

   Véritable engin théâtrale, Notre peur de n’être est donc un spectacle complet, à la mise en scène énergique et épurée, à la bande son efficace et surtout au jeu de comédien incroyablement juste. Un fascinant portrait du monde moderne.

Valentin Fagot

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Essuyer les plâtres

Si la danse a pu inspirer de nombreuses sculptures et l’on peut comprendre pourquoi, l’inverse n’est pas réciproque. Le marbre, l’argile, le bronze figent le geste, le contiennent et l’expriment mais n’en font pas le spectacle. La sculpture est un mouvement déjà exécuté. Miet Warlop, formée aux arts-visuels et plus particulièrement à la sculpture,  essaie de renverser ce rapport, de faire bouger la ligne qui sépare l’art vivant de l’art des musées.

Rentrer dans la salle, c’est rentrer dans l’atelier de l’artiste. Prendre le risque de recevoir des projections, de la poussière mais aussi avoir la chance d’assister à un processus de création, d’être au plus près de l’artiste, au cœur de l’œuvre. En fait de décor donc, la réalité d’un atelier : une table de travail, une bassine, des esquisses, des œuvres peut-être. Miet Warlop, seule en scène travaille à partir de plâtre, matériau de l’épreuve, de l’ébauche.

Si Dragging the bone a tant de mal à trouver son rythme par ailleurs, c’est peut-être parce qu’il se fait le spectacle d’une recherche. Il y a les moments de joie, de présentation du travail accompli mais aussi et surtout les doutes, les hésitations, les tâtonnements. Ces aléas donne l’impression d’assister à une entreprise un peu hasardeuse, d’autant plus quand le processus de création s’inverse et que, pour montrer quelque chose, il devient processus de destruction.

Malicieuse, souriante Miet Warlop enchaîne les numéros burlesques où elle passe ses sculptures en revue. Pin-up au jambes de plâtre, mannequin au mains incapable de bouger : elle se joue de l’immobilité de la sculpture pour nous parler tout autant de la représentation du corps féminin. On se rappelle alors qu’elle essaye ces prothèses, qu’elle joue au jeu des posture de ce mythe grec qui dit que la femme parfaite est l’addition des caractéristiques de toutes les femmes, d’une le bras, de l’autre le port de tête, etc. Peut-être y-a-t-il encore cette quêté d’un corps idéal au début de ce spectacle.

Quand l’artiste essaye cependant ce corps tant vanté, morceau par morceau : il est bien évident que l’idéal ne convient pas. A quoi servent de belles jambes qui ne marchent pas, des gracieuses mains incapables de saisir quoi que ce soit ?  La jupe de plâtre qu’elle enfile même l’encombre et l’empêche de marcher. Le poids des conventions la fait tomber. Voilà ce qu’il en coûte d’être une poupée : rester sage, assis sur sa chaise, sans bouger. Quand la sculpture rencontre l’art vivant c’est ainsi pour Miet Warlop l’opportunité de questionner un rapport au corps, et au corps féminin en particulier. Il s’agit d’échapper à la statufication et cela ne va pas bien sûr sans quelques frictions, quelques clichés à démolir et à la fin des plâtres à essuyer.

Miet Warlop – Dragging the bone

Henri

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